Thèses primées 2015

Le prix de thèse du Réseau Création, Arts et Médias 2015 a été attribué à

Annie Bourdié, de l’école doctorale 529 (Université Paris Est) pour sa thèse intitulée 

Création chorégraphique d’Afrique de l’ouest francophone : systèmes de représentations et stratégies de reconnaissance en période contemporaine,

sous la direction de Jacqueline Trincaz, 

et

Marion Lyonnais, de l’école doctorale 50 (Université Stendahl-Grenoble 3) pour sa thèse intitulée,

Du théâtre au musée, La scénographie et l’exposition,

a-bourdiesous la direction de Luc Boucris,

 

  Annie Bourdié a soutenu sa thèse en Sciences Humaines et Sociales en  2013. En 2014, elle a été nominée au prix de thèse de l’UPEC. Ses recherches portent sur les représentations sociales du corps, de la danse et de l’Afrique plus particulièrement au travers de l’histoire contemporaine de la reconnaissance de la création chorégraphique du continent africain. Elle est membre du laboratoire LIRTES (Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et des pratiques sociales). Elle est également professeure agrégée d’Éducation Physique, en poste au service des sports de l’Université Paris Est Créteil, ainsi que danseuse et chorégraphe.

Résumé de thèse

Les créations chorégraphiques contemporaines d’Afrique, sont non seulement traversées par des représentations sur la danse, le corps et les arts, mais également alimentées par toute une histoire des regards portés au cours des siècles par l’Occident sur l’Afrique le “Noir“, et “sa“ danse. Par ailleurs la France et l’Afrique ont entretenu historiquement des relations ambivalentes dont la teneur a pu avoir un impact sur les représentations, y compris dans le domaine de la danse scénique professionnelle. Dans les années soixante-dix, Léopold Sedar Senghor, mû par l’ambition de valoriser tous les Arts d’Afrique à travers le concept de Négritude, a tenté, à Dakar, en collaboration avec Maurice Béjart, une expérience inédite intitulée Mudra Afrique. Ce projet de formation aux arts de la scène, destiné essentiellement aux danseurs du continent, nourri par les représentations de ses concepteurs, visait à “moderniser“ les arts chorégraphiques en Afrique. Il n’a pourtant pas eu l’impact attendu, même si Germaine Acogny, qui en fut la directrice artistique, est devenue aujourd’hui l’une des figures les plus influentes de la danse en Afrique, au-delà même de sa partie francophone. Au cours des années quatre-vingt dix, on a pourtant assisté à un essor fulgurant de la création chorégraphique contemporaine du continent. Mais celui-ci est essentiellement dû à la mise en place par le Ministère français des Affaires Etrangères d’une politique de coopération culturelle vis-à-vis des pays africains. Le programme Afrique en Créations chargé de développer l’ensemble des expressions artistiques contemporaines d’Afrique, a joué un rôle particulièrement déterminant dans la promotion et le développement d’une “danse africaine contemporaine“ notamment par la mise en place de rencontres chorégraphiques biennales. Par le biais des arts et de la culture, la France a ainsi réaffirmé ses liens spécifiques avec l’Afrique. Cependant, dans un tel contexte, où le politique et l’artistique se sont trouvés inextricablement liés, comment les artistes ont-ils composé avec les modèles dominants ? Sont-ils parvenus à se mettre à distance des ces cadres préétablis ? Quelles stratégies ont-ils été amenés à adopter ? Qu’en est-il plus spécifiquement pour les chorégraphes francophones ?

 

marion lyonnais

Marion Lyonnais a soutenu sa thèse spécialité Langues, Littératures et Sciences Humaines en 2014. Elle est membre du laboratoire LITT&ARTS (Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène) de l’Université Stendhal – Grenoble 3. Elle est également architecte et scénographe.

Résumé de thèse

 Au fil de révolutions scéniques successives, la scénographie s’est imposée comme une discipline majeure dans la pratique du théâtre au XXe siècle. Toutefois, loin de se résumer à cet ancrage théâtral, elle a étendu son champ d’exercice en particulier vers les musées et l’exposition, extension qui ouvre un débat esthétique : existe-t-il un théâtre caché dans le musée qui justifie la présence de la scénographie ou bien la scénographie exercée dans le champ de l’exposition y transpose-t-elle de façon discutable le théâtre ?
Le parcours de lecture de la thèse suit l’ordre chronologique du corpus. Il commence par une petite salle d’un cabinet de cire anatomique du XVIIIe siècle qu’on peut visiter encore aujourd’hui à la Specola, muséum d’histoire naturelle de Florence. L’analyse de ce fragment fait émerger trois figures : la représentation, la scène et la distance. La seconde partie de la thèse confronte les hypothèses qui émergent de ce terrain de fouille à deux exemples de scénographie d’exposition qui ont marqué la période contemporaine : Cités-Cinés (exposition événementielle de la Grande Halle de la Villette), et La Grande Galerie de l’Evolution du Muséum de Paris. La dernière partie passe d’un regard extérieur à un regard introspectif qui touche notre propre pratique de scénographe. La persistance des trois figures identifiées dès le départ fait surgir le thème de la théâtralisation et dessine les conditions d’une rencontre féconde entre théâtre et musée.

(Information mise en ligne le 30 juin 2015)